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vendredi 7 mars 2014

Crimée: la Russie comptera-t-elle bientôt un nouveau Sujet de la Fédération?

Voir: http://www.stoletie.ru/lenta/sevastopol_reshil_stat_subjektom_rf_825.htm

Alors que la Crimée avait annoncé, au départ, un referendum fin mars sur le retour au statut de 1992, idée logique dans le cadre d'une possible réelle fédéralisation de l'Ukraine qui permettrait de sortir du conflit sans fin opposant une population partagée presque également, la situation a radicalement changée hier.
Sébastopol a officiellement émis le souhait d'entrer en tant que Sujet dans la Fédération de Russie. Pour sa part, la Crimée organisera un referendum, auquel Sébastopol prendra part, le 16 mars, posant deux questions:
  • "Etes-vous pour le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie en tant que Sujet à part entière?
  • Etes-vous pour la restauration de la Constitution de la République de Crimée de 1992 et pour le statut de la Crimée comme partie de l'Ukraine?"
Les habitants de la région devront donc formuler leur choix d'avenir: soit rester dans le cadre de l'Ukraine, mais avec une autonomie renforcée qui leur permettrait de se protéger des excès du pouvoir central actuel, ou entrer à part entière dans la Fédération de Russie. Il est intéressant de remarquer avec quelle vitesse évolue la situation. Plus elle se radicalise à Kiev et en Occident, plus la Crimée court se réfugier dans les bras de la Russie. Sans même parler des différents scandales, que seuls les dirigeants européens ont encore le manque de professionnalisme d'ignorer, la diplomatie bizantine menée à l'égard de la Russie est un échec total. Echec pour lequel aucun fonctionnaire européen, pas même Mme Ashton, n'encourt la moindre responsabilité politique. Surprenant dans un système démocratique ...
Immédiatement, le procureur de Kiev appelle à l'arrestation des dirigeants de facto de Crimée. Tourtchinov annonce que Kiev a annulé la décision d'organiser ce referendum. Sur la scène internationale, Barack Obama donne le ton: dans une déclaration spéciale, il affirme que les Etats Unis estiment ce referendum contraire à la Constitution - ce qui en soi ne manque pas d'humour ... L'UE, pour sa part, a décidé de suspendre les négociations concernant l'assouplissement du régime des visas avec la Russie - négociations qui sont de toute manière au point mort depuis longtemps.
Pour autant, en dehors des déclarations politiques, ni les Etats Unis, ni les pays de l'UE ne se pressent pour adopter les sanctions dont ils avaient menacé la Russie. La France a des contrats en cours qu'elle veut remplir, l'Allemagne est trop impliquée économiquement avec la Russie ... Il reste le Congrès américain pour appeler le Président Obama à ne pas participer au G8. La nouvelle répartition des forces géopolitiques est en train de se décider.

jeudi 6 mars 2014

Russie, attention à la dérive sécuritaire

Voir: http://izvestia.ru/news/567042
http://izvestia.ru/news/567031

Actuellement, deux projets de loi sont dans l'air. L'un consisterait à étendre le statut d'agent étranger aux Instituts de recherche, d'analyse ou d'enseignement. L'autre envisage de mettre en place une responsabilité pénale pour les journalistes travaillant dans les médias russes en cas de diffusion volontaire de fausses informations portant préjudice à l'Etat russe.
Dans les deux cas, ces projets de loi sont la conséquence du coup d'Etat en Ukraine. Le premier est suscité par le fait que certains financements étrangers en Ukraine, officiellement pour le développement de la démocratie, ont participé à la préparation des évènements sanglants ayant débouché sur cette impasse, laissant la place à un pouvoir en manque de légitimité intérieure qui la cherche à l'extérieure. Cela a été réalisé, notamment, par un travail sur les élites, leur préparation et leur formation. Le second projet de loi vient de la couverture très orientée de l'information en Ukraine et dans les médias occidentaux, qui vise à une légitimation du pouvoir en place, malgrè les fuites dérangeantes, en tronquant l'information. Dans tous les cas, il s'agit de la formation de l'opinion publique dans un sens très précis, sans tenir compte des intérêts propres de l'Etat en question.
Et la Russie a des raisons de craindre que certaines recettes puissent être employées à son encontre. Pourtant, la méthode choisie est-elle la plus efficace?
Le problème de ces projet de loi est le renforcement du caractère répressif de la législation, sans pour autant travailler sur les fondements des problèmes. L'Etat se place en position défensive, ce qui n'est jamais très bien pris par la population. En dehors des pressions et manipulations faites par les Etats Unis et l'Union européenne, le conflit en Ukraine est sorti dans la rue, au début, par un mécontentement généralisé à l'encontre du "système" Yanukovych, qui a remplacé les "systèmes" précédents et semble avoir laissé la place à un nouveau "système". Dans le fond, rien n'a vraiment changé. C'est un changement de personnes, un changement d'oligarques, mais la logique reste fondamentalement la même, renforçant seulement la radicalité du discours et des actes face à l'impasse politique dans laquelle il se trouve. On ne dissout pas le Parlement, on revient à la Constitution de 2004, on envoie des oligarques (d'autres évidemment, les siens) dans les régions. Il ne s'agit pas de s'occuper enfin des intérêts de l'Ukraine, mais de la rapprocher de l'UE et de laisser la place à l'OTAN. Ce sénario à ses frontières fait peur à la Russie. Pourtant, c'est le travail qu'elle mène pour lutter contre la corruption, pour légitimer les processus électoraux, pour lutter contre l'impunité judiciaire qui sera sa meilleure arme. Ces projets de loi n'apporteront rien.
Tout d'abord, parce que l'extrémisme ou le mensonge sont déjà réprimés. Ensuite parce que la loi ne peut pas protéger de tout. Cela ne veut pas dire qu'il ne faille rien pénaliser, mais il est important de garder un équilibre entre la répression et la prévention d'un côté, et la liberté de l'autre. Sinon, les mesures deviennent contreproductives. En l'occurence, c'est le renforcement du soft power qui serait beaucoup plus efficace.

mercredi 5 mars 2014

La Russie ne restera pas sans réagir si les Etats Unis et l'UE prennent des sanctions à son encontre

Voir: http://izvestia.ru/news/566981

Comme l'a souligné le Président russe V. Poutine hier lors d'une conférence de presse, les économies des pays sont interdépendantes, si des sanctions économiques sont prises contre la Russie, elle peut également répondre.
En ce sens, le président du comité pour la législation constitutionnelle du Conseil de la Fédération, A. Klichas, prépare un projet de loi permettant de prendre plusieurs mesures en réponse, si les sanctions sont adoptées.
Il s'agirait, notamment, de geler les actifs des compagnies américaines et européennes en Russie ou des ressortissants de ces pays travaillant en Russie. Cette mesure serait parallèle aux mesures de rétorsions prises contre les entreprises russes à l'étranger.
Il demande également que soit reconnu au Président la possibilité, si de telles mesures sont prises aux Etats Unis et en Europe, de geler les comptes des représentants de ces pays dans les banques russes et de pouvoir aller jusqu'à la confiscation des biens de ces entreprises.
Le but n'est évidemment pas de mettre ces mesures en vigueur, il s'agit d'un signal politique, une sorte de cure préventive devant faire réfléchir les partenaires américains et européens de la Russie de combien ils sont prêts à perdre dans cette escalade. C'est aussi un message clair affirmant que la Russie matient ses positions malgrè les menaces de sanctions.
Et quand J. Kerry déclare que le conflit est entré dans une nouvelle phase pour le combat pour la "liberté", on peut retenir qu'il s'agit effectivement d'une nouvelle phase, mais du combat pour la préservation de l'hégémonie américaine. Jusqu'où les Etats Unis seront-ils prêts à aller?

lundi 3 mars 2014

Ukraine, vers la fin de la Pax Americana?

Voir: http://izvestia.ru/news/566846

A partir du moment où V. Yanukovych s'est réfugié en Russie et l'a appelée à l'aide pour restaurer l'ordre constitutionnel. A partir du moment où les autorités de Crimée ont officiellement demandé la protection de la Russie. A partir du moment où le Conseil de la Fédération a donné son accord de principe au Président russe pour utiliser les forces armées, si nécessaire, afin de restaurer l'ordre constitutionnel ukrainien et garantir son intégrité territoriale, protégeant ainsi la population russe, la situation est devenue hystérique.
B. Obama déclare que la Russie va payer cher pour sa politique. Le Canada et la Grande Bretagne rappellent pour consultation leurs ambassadeurs ou responsables de missions diplomatiques après que le Conseil de la Fédération ait demandé au Président russe de rappeler son ambassadeur aux Etats Unis. Otawa, Paris, Londres et Washington interrompent la préparation du G8 qui doit se tenir à Sotchi. Autrement dit, les Etats Unis bougent leurs pions pour faire pressions sur la Russie, les pions étant le Canada et les pays européens. Ce qui montre encore si nécessaire le degrè d'indépendance de l'UE et les implications que cela peut avoir pour les pays membres.
En effet, la Pax Americana en vigueur depuis la chute de l'Union soviétique suppose, sinon l'obéissane aveugle des pays, du moins leur passivité. Et ces derniers temps, la Russie fait preuve sur la scène internationale d'une trop grande autonomie. Elle ose s'opposer. S'opposer en Syrie et avoir raison de ne pas vouloir provoquer un conflit armé en soutenant des mercenaires et des fanatiques religieux. S'opposer en Ukraine en ne reconnaissant pas la légitimité d'un Gouvernement qui s'impose par la force, instaure immédiatement une confusion des pouvoirs en la personne d'un Président par intérim qui fusionne le législatif (il est le speaker de la Rada) et l'exécutif. Un régime qui met un point d'arrêt à la Cour constitutionnelle et pense même à lancer des enquêtes pénales contre ses membres. Un pouvoir qui s'appuie sur des partis et des groupes extrémistes. Qui annule en conséquences la loi interdisant la propagande extrémiste. Qui remet en cause, dans un pays multiéthnique, la loi sur la diversité des langues. Etc.
Peut importe le fond, peu importe le droit, la Russie a osé s'opposer et elle doit payer. Elle doit payer très cher, elle doit le payer de sa souveraineté. Car accepter l'opposition de la Russie sur la scène internationale, c'est revenir à un ordre bipolaire, ce que les Etats Unis ne veulent à aucun prix.
Pourquoi, effectivement, ne pas garantir les accords signés sous l'égide de nos superbes ministres des affaires étrangères? Pourquoi ne pas condamner la montée extrémiste qui risque de toucher l'Europe en ricochet? Qui va payer pour le soutien de l'économie ukrainienne ? Peu importe. L'enjeu n'est plus l'Ukraine. Que l'on ne se trompe pas. Il n'y a pas de guerre entre la Russie et l'Ukraine, mais un conflit qui peut dégénérer en Ukraine entre la Russie et les Etats Unis. Les dernières mesures prises par la Russie montre qu'elle ne veut plus de la Pax Americana. Les sanctions économiques envisagées par les Etats Unis à l'encontre de la Russie et que l'UE, n'ayons aucuns doutes, s'empressera de recopier en bon élève, n'auront aucune incidence sur l'économie américaine, elles en auront surtout sur l'économie déjà moribonde européenne.
Dans ce conflit pour l'indépendance, la Russie n'aura aucun allié. Chacun retient son souffle et attend de voir qui sera le vainqueur pour choisir son camp. Ni les BRICS avec qui elle développe ses échangent, ni la Chine qui devient un partenaire stratégique. La réaction de B. Obama a montré que c'était un combat à mort. Un combat pour la supprématie. Donc un combat irrationnel. Et l'escalade du conflit ne dépend pas que de la Russie, mais du degrè de radicalisation que sont prêts à atteindre les Etats Unis, à travers leurs pions bien sûr.