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vendredi 10 janvier 2014

Liberté et indépendance, justice et politique: et si l'on tirait les conséquences de l'affaire Dieudonné?

Voir: http://www.lepoint.fr/societe/dieudonne-interdit-a-nantes-la-ligue-des-droits-de-l-homme-s-alarme-09-01-2014-1778726_23.php
http://www.lepoint.fr/societe/dieudonne-recours-contre-l-arrete-d-interdiction-de-son-spectacle-a-orleans-10-01-2014-1778860_23.php

Parler de l'indépendance de la justice, surtout en ce qui concerne la Russie, est incontournable. C'est un peu comme, pour un étranger, aller à Paris et ne pas voir la tour Eiffel, il serait passé à côté de la France, de la vrai, de celle que l'on montre aux touristes. S'intéresser à la Russie sans parler de l'indépendance de la justice est un non sens, de quoi encore les touristes pourraient-ils parler sérieusement? On passerait à côté du symbole. Pour le reste il faudrait réfléchir, ça se complique très vite.
 
Mais qui penserait à parler des violations des libertés en France, des problèmes d'indépendance de la justice dans le pays de Voltaire et Diderot? Personne, car cela n'a pas de sens. Pour le pays de Voltaire et Diderot. Mais ils sont bien morts, nous bien vivants. Il va donc bien falloir en parler.
 
E. Valls, notre cher ministre à poigne de fer, en tout cas au discours d'une fermeté incontestable, voulait trouver le moyen d'interdire de scène Dieudonné. Créer une loi peut-être, d'autres le suggéraient, mais à quoi cela sert-il quand il y a la Justice. Celle qui a les yeux bandés, signe d'impartialité. Devenu signe d'une honte contenue peut-être. Tout lien entre les déclarations politiques et les décisions de justices prises récemment serait mal venu.
 
Donc Dieudonné est interdit de scène à Nantes et après la confirmation en urgence du Conseil d'Etat (je ne parle pas du temps de prise de la décision, mais de la procédure), il est également interdit à Orléans par arrêté du député-maire de la ville, qui manifestement se sent libéré de toute responsabilité. Lui aussi, du coup, a le droit.
 
Peut-être y a-t-il effectivement une raison. Sociale, politique, morale, historique. Mais juridiquement, c'est difficile à formuler dans un pays qui respecte la liberté d'expression et la liberté de création artistique. Ah, ces pauvres Pussy Riot, enfermées par décision de justice, après des mois de procès contradictoire, dans la terreur hivernale russe, par le méchant président Poutine qui contrôle la justice. Une fois libérée, ces grandes artistes ... ne font plus de musiques, mais veulent défendre les droits des prisonniers, elles seront certainement mieux financées de ce côté là. Il fallait pourtant défendre - en Russie - la liberté de création de l'artiste.
 
Et en France? Est-il possible de tout faire dès que l'on ne met pas une parsonne en prison? Interdire un artiste de scène est un moyen de l'enfermer. Un moyen beaucoup plus humain pour nos penseurs modernes. Pourtant la différence est faible. Vous couper ses ailes à un oiseau, mais vous lui laisser la possibilité de trouver un autre moyen de voler. C'est vrai, il lui reste Youtube, pas à l'oiseau.
 
A quel moment doit-on limiter la liberté d'expression? Dans le cas Dieudonné, c'est "la répétition des propos qui dérivent de plus en plus" et en plus ces propos se vendent très bien, si l'on regarde la vente des billets. Cela montre l'impasse juridique de la situation.
 
Il est toujours possible d'interdire à un artiste de se produire, mais il est impossible d'interdire à des milliers de personnes de penser comme lui. A moins de glisser imperceptiblement vers un système totalitaire, dans lequel la justice devient le bras armé de la politique de santé morale déterminée par les gouvernants.
 
D'un autre côté, il est tellement plus confortable de vivre dans une société où les normes posent le bien et le mal, ce qu'il est convenu de faire et ce qu'il est mal venu d'imaginer faire, voire ce qu'il est bon de penser et ce à quoi il vaut mieux ne pas penser. C'est tellement plus rassurant de reporter la responsabilité de ses idées sur un législateur abstrait. Mais c'est tellement dégradant pour l'individu qui veut se comporter comme un homme. C'est-à-dire être libre, libre de penser, de faire, de se tromper, de réessayer, de changer, de découvrir. Libre. Et peu importe en somme ce que dit Dieudonné, le problème est que l'on ne nous permet pas de nous faire librement notre propre idée.

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