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mardi 17 décembre 2013

La langue socle de la Nation? Vu de Russie et de France

 
Parfois, par hasard, au détour d'un chemin et d'un article, des liens se font, des ramifications apparaissent et d'étranges questions surviennent. Pour lesquelles nous n'avons, par ailleurs, pas forcément La réponse, l'unique réponse, cette vérité incontestée et incontestable qui nous permettrait de dormir tranquillement sur nos deux oreilles, tout en se posant la question existentielle du menu pour les fêtes de Noel.
 
Malheureusement, même si la question du menu me travaille également, une autre est venu perturber cette douce période de fêtes. La langue est-elle le socle de la Nation? Sincèrement, je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu'est le socle de la Nation. Mais intuitivement, je sens ce qu'il ne peut pas être. Ce qui divise, va à l'encontre de la Nation.
 
En France, la seule langue officielle de la République est le français. Et la seule langue reconnue existante sur le territoire nationale est le français. En effet, la France a très longtemps rejeté l'idée même de la ratification de la Charte européenne des lagues européennes et minoritaires, et pour cause. L'Etat français s'est historiquement construit contre. Contre les pressions extérieures soit, mais surtout contre les seigneurs locaux, contre les régions, contre cette diversité, notamment linguistique. Une langue, un pays, un peuple cela fait une Nation, un Etat. Et cet Etat-Nation auquel nous sommes tellement habitués semble immuable, ne retient donc plus vraiment notre attention. Ainsi apparaît la possibilité d'introduire à l'école le multilinguisme. Non, il ne s'agit pas de renforcer l'étude de langues étrangères comme l'anglais, l'allemand, le chinois ou le russe. Mais de prévoir des formes de coexistence linguistique avec l'arabe ou des dialectes africains. Nos dirigeants pensent peut-être ainsi arriver à niveler le niveau des élèves, à atteindre cette sacrosainte égalité républicaine, ici pourtant largement dévoyée. Mais peut importe, nous ne sommes plus à une louche près. Dans la foulée, d'ailleurs, pourquoi ne pas tout à coup précipiter la ratification de cette Charte européenne, l'arabe et les dialectes africains pourront alors être reconnus comme des langues minoritaires sur le territoire nationale et bénéficier ainsi de la protection que leur accorde ce statut juridique. Tout s'enchaîne merveilleusement bien. La France va donc très bien, elle n'a pas d'autres problèmes à régler, puisque celui des hausses d'impôts et taxes est finalement arrivé pour remplir les caisses de l'Etat, le mariage homosexuel est adopté, Paris organisera les JO Gay - bon, on fait ce qu'on peut là où il reste encore quelques compétences ...
 
Cette étrange modernisation de la conception de la Nation, cette étrange image que donne la France en dehors des frontières de l'Union européenne, provoque parfois une certaine incompréhension, au regard de son histoire, de ses traditions, du respect et de la fièreté d'elle-même qu'elle affichait en d'autres temps.
 
En Russie, la langue française jouait sous l'Ancien Régime un rôle spécifique. Langue de la noblesse, de la culture, chacun au minimum s'efforçait de truffer son langage de quelques mots en français. Pouchkine désespérait d'imaginer les femmes de la noblesse parler et écrire en russe. C'était tout un symbole. C'était.
 
Contre ces mouvements de reniement, le balancier passe d'un extrême dans l'autre. Mais les temps changent, les étrangers aussi. Maintenant, des députés LDPR ont déposé à la Douma un projet de loi visant à sanctionner l'utilisation d'une langue étrangère par les russes et par les étrangers sur les lieux de travail, lorsque cela n'est pas rendu nécessaire par leur profession. Cela vise bien sûr à la protection de la langue russe contre l'anglicisme, comme ce fut le cas en France, mais le but est également politique. Il vise également l'étranger proche.
 
En remettant dans le contexte, un étranger arrivant travailler en Russie va devoir connaître la langue et la Constitution. La langue, comme les russes l'ont compris, est bien un élément de la Nation. C'est un élément d'identification. Renoncer, partiellement, à sa langue est une marque de volonté d'intégration et de respect pour le pays dans lequel on arrive.
 
Pour autant, cette idée de réforme est également le signe d'une politique d'unification nationale, qui va à l'encontre des dérives communautaristes françaises, qui en fait continue le modèle français aujourd'hui tant décrié. Les risques d'excès sont toujours présents, ne sont pas négligeables, car la plus grande difficulté pour la Russie aujourd'hui va être d'arriver à trouver cet équilibre précaire entre la préservation de son identité sans rejet de l'évolution, malgrè les exemples peu reluisant donnés dans d'autres pays. Eviter que les extrêmes des uns ne justifient les extrêmes des autres.
 
La langue est-elle donc finalement le socle de la Nation? Elle en fait partie, elle en est un symbole, elle est un symbole dans un symbole. Et tout simplement, comment développer sa culture, donc son identité, en perdant sa langue? Que peut-on alors proposer aux autres? Comment exiger le respect lorsque l'on ne se respecte pas soi-même?

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