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mardi 12 mars 2013

L'affaire Gudkov Jr. et la question du statut du député

Voir: http://izvestia.ru/news/546385
http://izvestia.ru/news/546469
http://izvestia.ru/news/546422

Début mars, sans en informer ni la Douma, ni son parti Spravedlivaya Rossiya, le député Dmitri Gudkov part pour un voyage "privé", comme il le dit alors, aux Etats Unis, afin de participer à une conférence sur la Russie de Poutine, se renseigner sur les biens à l'étranger en possession de députés russes et sur les conditions de vie des orphelins russes adoptés par des familles américaines.
 
Selon l'interview qu'il a donné au journal Izvestia, il n'est pas intervenu pour critiquer la Russie, mais la corruption du régime, ce qui sont effectivement deux choses différentes. Lors de son intervention à cette conférence organisée au Sénat américain par Freedom House, il a même demandé aux américains d'arrêter de critiquer sans cesse la Russie et d'avoir une démarche plus constructive en soutenant les efforts du Président Poutine dans sa lutte contre la corruption.
 
En ce sens, après des discussions avec des sénateurs et des membres du Congrès, ceux-ci sont prêts à transmettre les informations de corruption concernant les députés et fonctionnaires russes. Il semblerait en effet que le député V.Pekhtine, qui a démissionné suite à la mise en lumière de biens d'une valeur surprenante à Miami, y ait beaucoup de voisins russes.
 
Si la démarche est louable, puisque dans le cadre de la mondialisation, la lutte contre la corruption ne peut se faire que dans le cadre d'une entraide judiciaire entre les Etats, il est regrettable que, finalement, cette entraide prenne les couleurs d'un combat personnel. Cette impression est renforcée lorsque D. Gudkov est tout heureux d'annoncer que le célèbre blogger doct_z (pour les initiés) va également entrer dans la danse et lui fera parvenir toutes les informations qu'il trouve.
 
Pourquoi D. Gudkov ne cherche-t-il pas à institutionnaliser le combat louable et urgent qu'il faut mener contre la corruption? D'autant plus qu'il souligne lui-même l'existence d'une volonté politique en ce sens au sommet de l'Etat... Est-ce un moyen d'entrer en concurrence? Ne pas laisser au pouvoir en place la possibilité de mener ce combat et le court-circuiter? Il est surtout dommage qu'il ne cherche pas à unir ses forces.
 
Parallèlement, il est aller voir quelques familles américaines ayant adopté des enfants russes, où tout, heureusement, se passe bien. Il aurait peut être été plus utile d'aller voir des familles où il y a des problèmes avec les enfants, mais le coup médiatique eut effectivement été différent.
 
Selon ses chiffres, ces 20 dernières années, les familles américaines ont adopté environ 60 000 enfants russes. Pendant ce temps, il y a eu 20 tragédies et presque dans tous les cas, les coupables ont été punis d'une peine de prison. Et selon les données du ministère de l'intérieur, chaque années périssent dans des familles russes 300 enfants adoptés. Pour lui, ces chiffres démontrent qu'il n'y a pas un problème réel avec l'adoption par les familles américaines.
 
Pourtant la question est autre. Est-il normal qu'un pays développé donne à l'adoption internationale autant de ses enfants? Evidemment non. Aucun chiffre équivalent ne se retrouve ni en Europe de l'Ouest, ni aux Etats Unis. Mais les enfants russes sont très prisés, pour une raison très politiquement incorrecte: ils sont blancs. Et c'est donc un marché qu'il serait dommage de perdre.
 
Toutefois, son "voyage privé" soulève une vague de mécontentement. Et du côté de la Douma qui ne comprend pas pourquoi, alors que cette période est prévue soit pour le travail en comité, soit pour le travail en région avec les citoyens, des députés préfèrent partir à l'étranger. Sans accord ni information des services de la Douma ni du parti politique auquel ils appartiennent. Ils pensent modifier le règlement intérieur pour interdir aux députés de partir à titre privé lors des périodes prévues pour le travail parlementaire. Ce qui n'est pas gagné, puisque déjà des voix s'élèvent contre l'idée.
 
Mais également la Chambre sociale s'interroge. Et là le discours de D. Gudkov change de manière surprenante. Son voyage "privé" ne l'est plus autant, puisqu'il intervient dans le cadre du groupe Russie-Etats Unis, dont il est membre.
 
Bref on s'y perd. Il est intervenu dans une conférence, finalement, organisée par Freedom House (qui n'a rien à voir avec ce groupe officiel), ou dans une conférence intervenant dans le cadre de ce groupe, mais qui serait non officielle? Ses journées à la recherche des familles adoptantes et des preuves de corruption se font également dans le cadre du partenariat Russie-Etats Unis? Mais alors sur quels fonds? C'est ce que la Chambre sociale aimerait savoir. Pour cela elle ouvre une enquête.
 
Donc, ce voyage "privé-public" dont personne n'était au courant mais que la presse a largement couvert, va relancer le débat sur le rôle et les obligations du député. A suivre ...

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